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Enseignement sur l'Évangile du Royaume

Le Royaume de Dieu à travers la Passion selon Mt 26-28


 

En Mt, Jésus commence son enseignement en proclamant que « le Royaume des cieux est proche ». Mt 4, 17.

En Mt, le terme « royaume » apparaît 55 fois. 47 fois, il s’agit du Royaume des cieux ou de Dieu. Il s’agit d’un Royaume pacifique, réalité quasiment impossible sur terre, à vue humaine…

Le Royaume est à venir et il est pourtant déjà présent. II est parmi nous et en nous (Lc 17, 20-21). Le mystère du Royaume nous est donné dans la mesure où nous le demandons vraiment : « Que ton règne vienne ! » et où nous comprenons par les paraboles que ce Royaume commence très modestement, très discrètement, de manière cachée. Ce Royaume grandit quoi qu’il arrive (Mc 4, 26-29) car c’est Dieu qui est à l’œuvre. L’avenir bouscule ainsi déjà notre présent car Dieu est à la porte.

Le Christ est le Roi et le Royaume. Le Royaume est aujourd’hui la présence du Christ. Pendant sa vie publique, il annonce ce Royaume par des paroles et des signes, il prépare son Eglise à vivre et annoncer ce Royaume. Le Christ nous a offert « les commandements du Royaume ».

Ceux qui entrent dans son Royaume sont ceux qui vivent des béatitudes (Mt 5) : les doux, les humbles de cœurs, ceux qui ont soif de justice mais pardonnent sans se venger, ceux qui aiment et portent secours à qui est dans le besoin, … Les première et huitième béatitudes en Mt 5 promettent le Royaume.

Mt 6, 33 : « Cherchez d’abord le Royaume du Père, et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît ». C’est la passion pour le Royaume, le primat de Dieu Père, par le don du Fils qui fait de nous des fils. Tout le reste est secondaire, tout le reste doit se laisser transformer par ce primat de Dieu et de son Evangile. Nous devons et pouvons être inquiets pour des tas de raisons, mais pas outre-mesure.

A partir de Mt 16, Jésus commence à monter vers Jérusalem, la ville royale, celle de Melkisedeq, Saül, David, Salomon…

Selon Mt 21, Jésus fait une entrée triomphale à Jérusalem. Il y a malheureusement un malentendu entre les foules et Jésus sur la nature de sa royauté…

Mt 24 et 25 : 5e et dernier discours de l’évangile de Mt, sur la venue du fils de l’homme et les paraboles du jugement.

« Fils de l’homme », l’expression vient de Daniel 7, 14. Il s’agit d’un « personnage mystérieux, symbole céleste du peuple persécuté, recevant sur les nuées le pouvoir réservé à Dieu, celui du jugement ». (CE 9, p.7).

En hébreu, le jugement est le gouvernement. Dieu est le Roi, il est le Juge (Jg 11, 27), il gouverne et juge aujourd’hui par son Fils. Le jugement dernier qui appartient au Christ s’exerce déjà aujourd’hui, « à chacun des instants de notre vie quotidienne où nous rencontrons le Fils de l’homme présent à nos côtés » (CE 9, p. 60). Nous sommes jugés alors sur l’amour à l’égard de notre prochain (Mt 25). L’instant présent, chargé de la présence mystérieuse du Christ, est donc décisif. Dans le livre des Juges, on comprend ainsi que ces derniers sont les sauveurs du Peuple, tout comme le jugement du Christ aujourd’hui est salvateur. Aujourd’hui, Jésus est le « Seigneur glorifié établi dès à présent comme souverain juge sur le monde entier. Et c’est pourquoi il peut venir vers [les disciples] ». CE 9, p.7. Nous-mêmes, les disciples, sommes à vrai dire mystérieusement dans le Fils de l’homme « siégeant à la droite de Dieu et venant » dans le monde pour le sauver. Par notre baptême, nous régnons avec, par et dans le Christ, Roi de l’univers.

Voyons maintenant comment Jésus, dans les chapitres 26 à 28 de Mt, par sa mort et sa résurrection, son mystère pascal, inaugure et établit son Royaume sur terre, et comment l’Eglise est fondée en ce Royaume…


Prologue (26, 1-5) : comment se fait-il que le Christ, Fils de Dieu, puisse subir la souffrance ? Devant le complot de ses adversaires, Jésus décide librement de sa mort et ses adversaires ne font qu’accomplir le plan de Dieu.

Voici une organisation de ce récit passionnant :

  1. La Pâque arrive et le Fils de l’homme est livré (26, 6-56).

  2. Le Fils de l’homme est livré pour être crucifié (Mt 26, 57-27,44).

  3. La Pâque du Fils de Dieu (27, 45-28,15).

  4. Conclusion : la mission universelle des disciples. (Mt 28, 16-20)

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  1. La Pâque arrive et le Fils de l’homme est livré (26, 6-56).

a. L’onction royale à Béthanie et le marché de Judas.

Vénération du Roi humilié…

b. La Pâque au sein de la communauté.

La Cène : célébration dans la paix.

Jésus est appelé « maître », « Seigneur », « fils de l’homme », « berger »,…

Il mentionne le Royaume de son Père.

Jésus célèbre ainsi sa mort avec une dignité royale.

L’ambiance est aussi celle de la trahison (Judas).

c. L’agonie et la fuite des disciples.

Il s’agit du combat (agonie) du roi contre l’angoisse.

Gethsémani, « victoire héroïque et décisive sur la tentation » (CE 3)

Besoin de Jésus d’être « avec » ses disciples. Jésus est le Seigneur d’une communauté laquelle a bien du mal à comprendre son roi.
 

  2. Le Fils de l’homme est livré pour être crucifié (26, 57-27,44)

a. Devant le Sanhédrin.

Jésus laisse entendre qu’il est à la fois « Messie-Roi » et « Fils de l’homme ». Il affirme par là sa divinité.

Pierre le renie…

b. Devant Pilate, le procès devant la face du monde

Le procès du Christ se fait devant beaucoup de monde.

Le procès tourne autour du titre de « Roi des juifs ».

c. Crucifixion du Roi des juifs, Fils de Dieu (27, 27-44)

Mt est seul à faire donner un sceptre dérisoire à ce roi bafoué (V .29).

Dieu le délivrera car il est « Fils de Dieu ».
 

 3. La Pâque du Fils de Dieu (27, 45-28, 15)

a. La mort du Fils de Dieu (27, 45-56)

Passion en deux sens : souffrance et amour.

La patience est le lieu de la plus grande puissance.

La croix devient son trône.

En croix, admirons la confiance de Jésus en pleine détresse.

Pas de dolorisme sur la croix laquelle manifeste le plus grand amour.

Le cri des gardes « C’était le Fils de Dieu » exprime la foi dans ce qu’elle a de plus paradoxale : cet être supplicié est celui que nous proclamons « fils de Dieu ».

Signes apocalyptiques et théophaniques…

b. La sépulture de Jésus (27, 57-66)

Paix royale et contemplation.

c. La résurrection de Jésus

Victoire finale de Dieu sur la mort.

Ses ennemis sont « comme  morts ».

Jésus est intronisé au Ciel.

« Sa résurrection est, pour Jésus, son intronisation comme Fils de l’homme. […] Alors Jésus peut être réellement la personnification de tous les persécutés, de tous les petits, les pauvres auxquels il s’identifie » (Mt 25). CE 9, p.17.
 

  4. Conclusion : la mission universelle des disciples.

Jésus est aujourd’hui « le Seigneur de sa communauté ». CE 9, p.17.

L’Eglise n’est pas le Royaume, mais se sait en être le signe dans le monde, « le lieu où le Fils de l’homme doit pouvoir exercer en plénitude sa seigneurie et, de là, rayonner sur tous les hommes ». (CE 9, p.66). Les consignes reçues : l’amour, le service, la miséricorde et le pardon.

L’Eglise répercute dans le monde le séisme de l’ouverture des tombeaux. Elle annonce le Royaume de Dieu qui ouvre les cœurs et les esprits.

« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre ». Mt 28, 18.

Le Royaume grandit sur terre, mais il sera achevé au Ciel. LG 5, 9.

Le Fils remettra le Royaume à Dieu le Père (1Co 15, 24).
 

Récollection MCR et secteur de Sarzeau, le 31.03.2023,

Père Jean Eudes Fresneau

Bonjour à tous,

Invité pour le 20e anniversaire de la messe en plein air à St Philibert où je fus recteur entre 2001 et 2003, je vous communique l'homélie que je vais y prononcer.

Excellent dimanche à tous ! 

P Jean Eudes

 

HOMÉLIE 15e DIMANCHE C, ST PHILIBERT

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20 ans de la messe en plein air

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Aimer Dieu et soi-même, cela paraît assez clair…

Mais aimer son prochain ? Aimer son prochain ou son lointain ? Aimer son semblable ou l’autre qui m’est étranger ?

Aimer celui qui me ressemble est relativement facile… Tout le monde est capable d’en faire autant.

Voici une petite histoire relatée par le père Timothée Radcliffe, ancien maître général des dominicains, selon lequel une petite expérience a été menée dans un séminaire de New York. « Un jour, on demanda à un groupe de séminariste de préparer une homélie sur l’évangile du bon Samaritain. Ils devaient rédiger leur travail dans un bâtiment et enregistrer leur travail dans un autre bâtiment. Dans la rue menant du premier au second bâtiment, gisait un homme recouvert de sang, en fait un acteur qui simulait d’être blessé. 80% des séminaristes passèrent sans s’arrêter. Ils avaient pourtant préparé de très belles homélies sur la charité. Sommes-nous sûrs de faire mieux que ces séminaristes ? »1..

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Ceux qui nous dérangent, ce peut être aussi ceux qui ne pensent pas comme nous.

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Les Samaritains, aux yeux des juifs, étaient des hérétiques, légalement impurs… Le bon Samaritain, contrairement aux prêtres qui étaient devenus esclaves de lois secondaires de pureté, transgresse les lois et les dogmes de la « pure » religion pour donner les soins au pauvre.

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Le prochain est-il seulement l’autre ? Jésus répond : « le prochain, c’est toi, quand tu t’occupes du pauvre ».  « Fais de même » que ce mécréant, cet hérétique qui fait du bien autour de lui . « Agis de telle sorte que tout homme trouve en toi un prochain »2.

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Qui est encore mon prochain ? Le bon Samaritain - et donc le prochain par excellence - selon les Pères de l’Eglise, c’est le Christ ! Le vin et l’huile représentent les sacrements donnés à notre humanité blessée.

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Mon prochain par excellence, c’est en effet Dieu le Père, le Christ, l’Esprit Saint. Réécoutons la confession de St Augustin : « Je t'ai aimé bien tard, beauté ancienne et toujours nouvelle, je t'ai aimé bien tard ! Tu étais au-dedans de moi-même. Et moi j'étais au-dehors de moi-même. C'était en ce dehors que je te cherchais (…). Tu étais avec moi, mais moi je n'étais pas avec toi… »

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Sommes-nous présents à la Présence par excellence ?

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Le Christ est bon, mais l’Eglise ? N’est-elle pas vue parfois comme un lieu de souffrances, un repoussoir pour un nombre toujours plus grand de nos concitoyens. ?

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Reconnaissons-le humblement, l’Eglise peut être la meilleure et la pire des choses... Elle est mystérieusement à la fois sainte et pécheresse. Les problèmes du ritualisme, du sectarisme, du cléricalisme3 la minent actuellement…4

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Faut-il alors fuir l’Eglise pour échapper à tous ses problèmes ?

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L’Eglise est elle-même blessée… Le Christ aime de tout cœur son Eglise. Faisons-nous plus proche de l’Eglise. Travaillons à la reconstruire. Prions pour la réussite du synode. Jamais le Christ ne divorcera de son épouse.

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A la suite du Christ, elle-même étant blessée et reconnaissant de plus en plus ses propres blessures, l’Eglise doit s’occuper de l’humanité blessée en elle et dans le monde.

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Alors l’Eglise sera la meilleure des réalités, le « sacrement du salut », dans le Christ « lumière des nations ». Gardons l’espérance, la foi et la charité. L’Eglise est ce que le Christ en fait pour autant que nous nous laissons faire par le Christ…

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Un dernier conseil en ce mois dédié à Ste Anne et saint Joachim, et donc aux grands parents, j’encourage les plus jeunes d’entre nous à visiter régulièrement nos chers anciens, à leur donner signe de vie. Ils sont notre sagesse et nos trésors. Ils sont chargés de la transmission de ce qu’il y a de meilleur en eux. Profitons de leur présence et de leur amour, nous ne les aurons pas toujours avec nous. Que le Seigneur les garde dans sa tendresse, entourés de leurs proches. AMEN

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1 Raconté par le père Léon Kavégué, Homélies année C.

2 Père Royannais.

3 Et du traditionalisme…

4 Par exemple, combien de catholiques ont-ils déjà participé – au moins de cœur- à une réunion œcuménique ou interreligieuse ou à une démarche synodale?

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