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HOMÉLIE 6e DIMANCHE TO  B   2024

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Au 9e siècle avant Jésus Christ, l’écrivain Homère aurait prononcé cette phrase bien connue : « La santé, c’est un esprit sain dans un corps sain », ce qui correspondra au proverbe latin : « Mens sana in corpore sano ». En latin, le salut c’est la santé. Le salut du chrétien et de tout être humain c’est aussi la sainteté. Mais, attention, il y a un paradoxe dans la sainteté car elle consiste à devenir comme le « Tout Autre », ce qui pourrait laisser croire qu’il faille se couper du monde et mourir dès que possible ( !), alors qu’en réalité, la sainteté est d’abord une affaire d’alliance et donc de relation dans la proximité. Réfléchissons encore ensemble à ce thème de la santé :

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  1. Première question : faut-il isoler, oui ou non, nos frères et sœurs malades ? Oui, éventuellement et non. Oui, dans le cas où la maladie semble ou est contagieuse. Nous avons revécu cela de manière discutée avec le covid. Cependant Jésus, dans notre évangile, en touchant celui qui est par excellence intouchable – un lépreux- nous rappelle l’importance d’accompagner d’une manière ou d’une autre nos chers malades.

  2. Le psaume 31 nous rappelle que la vraie maladie consiste dans le péché. Dans la pensée archaïque, on pensait que la maladie était forcément la conséquence directe du péché personnel du malade. Si je mange trop ou pas assez, je vais en effet tomber malade. Mais la maladie, d’après les Ecritures, n’est pas liée automatiquement au péché. Gardons-nous donc de juger quiconque sur sa santé ou sur ses apparences. La vraie lèpre, la vraie maladie à soigner est bien d’abord celle du péché.

  3. Le très beau psaume 31 nous invite alors à la confession de l’amour et de la joie de Dieu en même temps que de notre péché. C’est en ce sens qu’il faut aussi entendre l’appel de la 1ère lecture du Lévitique et celui de Jésus dans l’évangile à nous présenter au prêtre quand nous sommes malades et quand nous sommes guéris. Là aussi, nous voyons l‘importance de la relation aux prêtres et donc à l’Eglise, aux autres et à Dieu. Et si nous avons péché gravement, avant d’aller à l’autel, nous avons à nous réconcilier d’abord avec les victimes de nos fautes pour que le prêtre constate notre véritable guérison.

  4. Une fois guéri ou pardonné, une tentation subtile apparaît. Comme le lépreux guéri, nous pouvons avoir la tentation de crier tellement notre joie que l’évangile devient inaudible. Nous voulons faire en effet de Jésus une star, un faiseur de miracle au point que Jésus est obligé de se cacher pour échapper au populisme déplacé. Et si Jésus m’a fait du bien, c’est donc qu’il est à mon service, je peux alors l’enfermer dans ma religion et ma foi. Nous écrasons l‘image de Jésus et empêchons ce dernier d’agir librement dans l’Eglise et dans le monde. Or le Christ ne nous appartient pas, il nous précède et nous devons respecter sa liberté et son Evangile. Comme nous y invite saint Paul dans la 2e lecture, « ne soyons un obstacle pour personne ». « Adaptons-nous à tout le monde sans chercher notre intérêt ». N’empêchons personne d’aller à Jésus !

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En conclusion, nous comprenons que la véritable maladie est celle du péché social qui isole parfois de manière excessive les malades, alors qu’ils ont tant besoin de ressentir notre attention et notre proximité. Mais la lèpre véritable est aussi celle qui défigure le visage de l’Eglise en grimace du cléricalisme dénoncé par le pape François, ce faisant avec parfois la meilleure intention du monde et même une grande joie apparente, alors qu’en fait nous pouvons empêcher Jésus ressuscité d’aller à la rencontre de tous ses frères et sœurs en humanité, notamment les plus marginalisés, les plus petits et les plus pauvres…

Que Notre Dame de Lourdes, que surtout l’Eucharistie de ce jour nous purifient de cette tentation de l’emprise sur Jésus, qu’ils nous fortifient dans la rencontre de tous ceux qui souffrent en leur portant l’évangile de la liberté et du réconfort.  Amen

Homélie 25ème dimanche du TO, Sarzeau
Par Jacques Héron

Fête de la TOUSSAINT 2023. Sarzeau, St Armel.

Mt 5, 1-12

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